Dansles plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obéissant à mes humeurs fatales Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, Éponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossus Ou tordus, aimons−les ! ce sont encor des âmes. Sous des jupons troués et sous de 1 776 pages, un monstre » aux dires de son éditrice, deux millions de signes » le roman de Sylvie Taussig, Dans les plis sinueux des vieilles capitales, est décrit comme le pavé de la rentrée », foulé, pas vraiment pénétré. L’objet intrigue par quelle inconscience un éditeur peut-il proposer, en plein déferlement de la rentrée littéraire, ce bloc compact équivalant, en volume et longueur, à près de sept romans ? C’est le pari que l’obstacle lui-même, par sa démesure, deviendra l’argument lapidaire qui convaincra le lecteur d’y entrer. Pavé », donc. Mais cela ne saurait suffire. Dans les plis sinueux des vieilles capitales‎ From same author All books of this bookseller 3 book(s) with the same title PDF ‎Editions Galaade Broché comme neuf . 2012. 1761 pages . PHOTOS SUR DEMANDE‎ Reference : AJ14942ZLW ISBN : 2351761715 ‎‎ €12.00 Livre au trésor. Bazoche Gouet Add to cart. Add to the selection
Réservé aux abonnés Publié le 05/08/2016 à 1602, Mis à jour le 05/08/2016 à 1608 Pour comprendre le Brésil, il faut savoir l'aimer, ici la ville de Rio. Artyominc / Wikimedia Commons LECTURES D'ÉTÉ - Deux ouvrages futés éclairent le Brésil et révèlent les secrets de son ancienne capitale. À lire en marge des Jeux olympiques. À ceux qui ne reconnaîtraient plus Rio telle que les images présentement diffusées sur tous les écrans du monde nous la donnent à voir, un guide de voyage d'un genre un peu particulier apportera un bonheur qui console. Au cours de leurs pérégrinations dans l'ancienne capitale brésilienne, Manoel de Almeida e Silva, Marcio Roiter et Thomas Jonglez, les auteurs de Rio insolite et secrète, ne se sont guère attardés dans les stades. Rue Alvaro-Chaves, dans le quartier des orangers Laranjeiras, tout juste se sont-ils arrêtés au siège du club de Fluminense pour admirer les vitraux et le ballon du tout premier match de la sélection brésilienne. Et rue Fonseca, à Bangu, où l'Écossais qui organisa la première partie de ballon rond au Brésil, le 9 septembre 1894, est honoré d'une statue. DRDes statues de footballeurs, il y en a d'autres, cachées dans les plis sinueux de la vieille capitale où l'on trouve des bronzes coulés en l'honneur de Chopin, de Baden-Powell, de Gandhi ou de Michael Jackson… Les… Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 73% à sa liberté, c’est cultiver sa à lire votre article pour 0,99€ le premier mois Déjà abonné ? Connectez-vous

Amazoncom: Dans les plis sinueux des vieilles capitales (Litterature francaise) (French Edition): 9782351761717: Taussig, Sylvie: Books. Skip to main content.us. Hello Select your address Books. Hello, Sign in. Account & Lists Returns & Orders. Cart All

Résumé Dans une rue de Paris, non loin de l'appartement de Claude-Hélène et de Térence, un couple d'apparence ordinaire, des travaux de rénovation mettent au jour un mur aveugle et noir. Claude-Hélène le connaît par cœur c'est elle qui l'a conçu, il y a quinze ans, quand elle a inventé le concept de micro-intervention urbaine. Elle avait voulu se faire artiste pour regagner l'amour de Mikhaïl, son Russe, qui voulait la quitter. Mais Mikhaïl était parti quand même, le projet avait été refusé, puis le mur était tombé dans l'oubli. Depuis, elle a changé de vie, et d'amour. Alors pourquoi refait-il surface maintenant, son mur des lamentations ? Ailleurs dans la ville, une série de délits artistiques semble avoir fleuri, comme une étrange épidémie. Des carrés de mosaïques se multiplient un pou dans le mur d'un café, une cerise tout en haut du Sacré-Cœur... Bientôt, la police mène l'enquête est-ce de l'art ou du vandalisme ? un geste politique, à l'heure où la mairie de Paris bascule dans l'opposition ? Composant une à une les pièces de cette monumentale comédie de mœurs comme une mosaïque, Sylvie Taussig explore dans leurs moindres replis l'inextricable des relations humaines, les impostures et les rigidités, qu'elles soient sociales, artistiques, professionnelles ou amoureuses. Caractéristiques techniques Éditeurs Galaade Editions Auteurs Sylvie Taussig Parution EAN13 Avantages Livraison à partir de 0,01 € en France métropolitaine Paiement en ligne SÉCURISÉ Livraison dans le monde Retour sous 15 jours + d'un million et demi de livres disponibles Résumé Caractéristiques techniques Nos clients ont également acheté Consultez aussi Les meilleures ventes en Graphisme & Photo Les meilleures ventes en Informatique Les meilleures ventes en Construction Les meilleures ventes en Entreprise & Droit Les meilleures ventes en Sciences Les meilleures ventes en Littérature Les meilleures ventes en Arts & Loisirs Les meilleures ventes en Vie pratique Les meilleures ventes en Voyage et Tourisme Les meilleures ventes en BD et Jeunesse Littérature Romans
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I Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obéissant à mes humeurs fatales, Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, Éponine ou
A Victor Hugo. I Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obéissant à mes humeurs fatales, Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, Eponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossus Ou tordus, aimons-les! ce sont encor des âmes. Sous des jupons troués et sous de froids tissus Ils rampent, flagellés par les bises iniques, Frémissant au fracas roulant des omnibus, Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques, Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus; Ils trottent, tout pareils à des marionnettes; Se traînent, comme font les animaux blessés, Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes Où se pend un Démon sans pitié! Tout cassés Qu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille, Luisants comme ces trous où l'eau dort dans la nuit; Ils ont les yeux divins de la petite fille Qui s'étonne et qui rit à tout ce qui reluit. Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles Sont presque aussi petits que celui d'un enfant? La Mort savante met dans ces bières pareilles Un symbole d'un goût bizarre et captivant, Et lorsque j'entrevois un fantôme débile Traversant de Paris le fourmillant tableau, Il me semble toujours que cet être fragile S'en va tout doucement vers un nouveau berceau; A moins que, méditant sur la géométrie, Je ne cherche, à l'aspect de ces membres discords, Combien de fois il faut que l'ouvrier varie La forme de la boîte où l'on met tous ces corps. Ces yeux sont des puits faits d'un million de larmes, Des creusets qu'un métal refroidi pailleta... Ces yeux mystérieux ont d'invincibles charmes Pour celui que l'austère Infortune allaita! II De Frascati défunt Vestale énamourée; Prêtresse de Thalie, hélas ! dont le souffleur Enterré sait le nom; célèbre évaporée Que Tivoli jadis ombragea dans sa fleur, Toutes m'enivrent! mais parmi ces êtres frêles Il en est qui, faisant de la douleur un miel, Ont dit au Dévouement qui leur prêtait ses ailes Hippogriffe puissant, mène-moi jusqu'au ciel! L'une, par sa patrie au malheur exercée, L'autre, que son époux surchargea de douleurs, L'autre, par son enfant Madone transpercée, Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs ! Ah! que j'en ai suivi de ces petites vieilles! Une, entre autres, à l'heure où le soleil tombant Ensanglante le ciel de blessures vermeilles, Pensive, s'asseyait à l'écart sur un banc, Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre, Dont les soldats parfois inondent nos jardins, Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre, Versent quelque héroïsme au cœur des citadins. Celle-là, droite encor, fière et sentant la règle, Humait avidement ce chant vif et guerrier; Son œil parfois s'ouvrait comme l'œil d'un vieil aigle; Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier! Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes, A travers le chaos des vivantes cités, Mères au cœur saignant, courtisanes ou saintes, Dont autrefois les noms par tous étaient cités. Vous qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire, Nul ne vous reconnaît ! un ivrogne incivil Vous insulte en passant d'un amour dérisoire; Sur vos talons gambade un enfant lâche et-vil. Honteuses d'exister, ombres ratatinées, Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs; Et nul ne vous salue, étranges destinées ! Débris d'humanité pour l'éternité mûrs! Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille, L'œil inquiet, fixé sur vos pas incertains, Tout comme si j'étais votre père, ô merveille! Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins Je vois s'épanouir vos passions novices ; Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus; Mon cœur multiplié jouit de tous vos vices! Mon âme resplendit de toutes vos vertus ! Ruines ! ma famille ! ô cerveaux congénères ! Je vous fais chaque soir un solennel adieu ! Où serez-vous demain, Èves octogénaires, Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu? © WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Dansles plis sinueux des vieilles capitales, de Sylvie Taussig 12 Oct. Capitalement glabre. Lu par Claire Éditions Galaade. Le pavé dont le titre laisse espérer du porno gérontophile, mais que nenni! Il s’agit d’un misérable leurre destiné à punir le lecteur à l’esprit mal tourné. Aïe. Pour dire vrai, ce livre n’est qu’une longue variation sur la politique delanoësque de

CORPUS DE TEXTESObjet d'étude poésieTexte 1 Les Petites vieilles » de Charles Baudelaire [1821-1867] - section Tableaux parisiens » - recueil Les Fleurs du Mal » 1857.Texte 2 Les Usines » d'Emile Verhaeren - recueil Les Villes tentaculaires » publié en 1895.Texte 3 Zone » de Guillaume Apollinaire [1880 -1918], recueil poétique intitulé Alcools » publié en 4 A New York » de Léopold Sédar Senghor [1906-2001], recueil Ethiopiques » 1956.Voir les textes ci-dessous en fin de de réflexionLe regard des poètes porté sur l'espace ville, un territoire poétique, une source d'inspiration pour les renouvellement poétique aux XIX et XXèmes siècles l'ancrage urbain, une esthétique de la modernité, un renouveau des formes voyage, une aventure intérieure. Les émotions suscitées par la ville dans l'esprit des tonalité des textes, entre l'éloge et le blâme, la joie et la d'écriture à votre tour, vous décrirez de manière poétique et en prose une ville de votre du professeur, corpus de textes soumis à l'attention des élèves fait office bien souvent d'une feuille de route qui fixe le cap. La description se fondera ici sur un dispositif codifié avec un nombre précis d'objectifs à atteindre qui s'énoncent ainsi * Décrire un petit bout d'une ville ou d'une localité, d'une manière enjouée, enthousiaste et rayonnante, en prêtant son attention à sa singularité, sans toutefois gommer la présence humaine...* On chapeaute son texte d'un titre accrocheur.* Seul maître à bord, on choisit la ville mégalopole ou bourgade provinciale qui sera décrite, on mentionne le nom des lieux, on veille à la précision de la topographie.* On utilise le pronom personnel indéfini on » ou bien la tournure impersonnelle, on a recours au présent de l'indicatif tout au long de cette flânerie où le regard s'attarde sur le décor urbain.* On déploie une pratique adaptée au sujet en tirant profit du pouvoir d'attraction des procédés de style qui sont au c½ur du dispositif.* On attend un texte qui regorge d'images, de figures de style des outils rhétoriques adaptés devraient aider la mise en page reformulations imagées, comparaisons, métaphores, modalisateurs impliquant une proximité du narrateur avec le paysage urbain. Le registre lyrique, laudatif, élégiaque couvre tous les champs possibles de la louange, de l'éloge se rapportera au tableau des procédés littéraires mis en ligne RecommandationsPlace au jeu de dînette. Il s'agit de faire défiler des images qui accaparent l'attention, en se remémorant un vaste pêle-mêle de bons souvenirs, enrichis par des moments de recueillement, de contemplation préalables description itinérante, itérative. C'est le témoignage de la beauté qui fait la force de ce texte d'invention, et qui motive ses choix esthétiques celui d'une merveilleuse rêverie, par exemple.Au pied du mur, la première vertu est de faire émerger une voix par sa manière de représenter le réel, de libérer la créativité qui ne doit pas s'essouffler en cours de route. L'écriture d'invention nous amène à disposer de marges d'initiative et de liberté pour construire son cela n'est pas dû au hasard... Les promenades d'un visiteur doté d'une acuité de l'observation servent d'appui à cet exercice d'écriture. Le témoignage, habité par les murmures imperceptibles de la ville, par ses frissonnements secrets, chemine pas à pas vers une révélation d'un trait sobre et précis comme dans un carnet de bord agenda journalier genre story-board, road-movie ou trekking, consistera à donner à voir des formes de vie. Il suffit de se laisser aller à l'observation inlassable en arpentant ce territoire citadin. Ce qui nécessite de laborieux efforts pour former un tout description est un travail de mise en images qui n'interdit pas une construction soignée, ni la vigueur du style puissance visuelle des images poétiques. Ces fragments de poésie urbaine imprimeront au texte son allant et lui donneront une résonance toute description est une expérience sensorielle nourrie d'images et d'émotions. C'est à la fois la vie de l'écriture et l'écriture de la vie qui est au c½ur de ce travail. Autrement dit, une mise en forme écrite d'une déclaration d'amour pour ce lieu. Comme si une part de soi-même voudrait que nous revenions sur nos pas...On peut s'inspirer d'un autre sujet, assez proche, en visualisant des travaux d'élèves Le choix pour cette proposition d'écriture d'invention s'est porté sur la ville de Valparaiso, au Chili... Valparaiso, el valle del paraíso...Valparaiso ne fait pas que souffler un vent nouveau sur nos pérégrinations. Ville de la bourlingue, de la badauderie, de la flânerie, cette cité est une galerie d'art à ciel ouvert, une vitrine de musée qui donne sur la rue. Valparaiso arrête tout. Chaque maison ou immeuble arrête notre regard. A commencer par la maison-musée de Pablo Neruda, La Sebastiana », perchée sur la colline Bellavista, une visite à ne pas manquer. Jamais les poètes n'ont été aussi proches de leur terre. Des mosaïques rendent hommage à Gabriela Mistral à l'angle des rues Ricardo Ferrari et Alejandro Beltràn. légende de la photographie vers de la poétesse chilienne Gabriela Mistral [1889-1957] tirés de son recueil Poema de Chili » à propos de Valparaiso se pierde Valparaiso guinando con sus veleres y barcos empavesados que llaman a que embarquemos pero no cuentan sirenas con estos aventureros... »Les peintures murales mêlent les corps nus et les motifs végétaux, tropicaux, associant les fleurs, les animaux à des autoportraits troublants, un peu gribouilles qui frappe dans ce labyrinthe de ruelles et de chaussées parfois défoncées, ce sont ces fresques en enfilade, des plus osées ou potaches aux plus chatoyantes ou étranges. Au fil des promenades cum pedibus jambis, en baguenaudant à travers le dédale de rues sinueuses, les motifs picturaux font irruption flanc à flanc. Dans ces quartiers cramponnés aux collines de la ville les cerros, les façades dédiées aux street artists montrent un esprit d'originalité et d'excentricité sans pareil. Tout se passe comme si la cité voulait créer un cercle de mécènes amoureux de l'art pictural et de la décors surréalistes, comme pris au piège entre les croisées, sous des échafaudages de tôle parfois, se réinventent d'une rue à l'autre. Comme si elles étaient destinées à nous proposer, non pas ce qui est rentable, mais ce qui est désirable. Sous ces fresques d'art, des chiens errants et des chats de gouttière s'accordent de longues siestes. Ils croupissent sur place comme des gardiens de musée qui sommeilleraient incognito malgré l'affluence des badauds... On arpente, à la conquête des cerros, les escaliers aux tracés sinueux, mais jamais à grands pas. On ne se fait pas faute, bien entendu, de trouver toutes les bonnes raisons de s'engouffrer dans un funiculaire ou un ascenseur bravant la déclivité des 44 collines ascensores » Artilleria, Baron, El Peral ou Reina Victoria qui font cohabiter la cuvette littorale - le plano de la ciudad et les quartiers résidentiels pentus. C'est aussi le seul moyen de transport vers les Cerros Larrain, Florida et Lecheros. Des funiculaires pugnaces la Compagnie des ascensores mécaniques a été fondée en 1882, jamais désespérés de la ligne droite, nous conduisent au sommet de butes qui surplombent la ville. Du haut de ces belvédères, qui rivalisent de beauté avec les miradouros lisboètes, le panorama s'impose comme un rendez-vous avec le remue-ménage indescriptible, inclassable, juvénile, intimiste, inimitable, se pare d'une fascinante étrangeté. Au détour des rues, impasses et parvis, jaillissent des câbles électriques, tentaculaires, comme de maigres traces de la fils électriques ou de téléphone s'étirent au-dessus du bitume comme de fragiles cordes à linge, exténuées par les menaces telluriques le dernier tremblement de terre date de 1906. Leurs chevelures ébouriffées zèbrent les façades multicolores des maisons qu'elles ne parviennent pas à faire fourmillement de la population los porteños bat son plein dans les quartiers du port et la plaine littorale. Ces quartiers qui longent les entrepôts et le port militaire d'où Pierre Loti embarqua pour les îles de Pâques bouillonnent de vie. Des serveurs arpentent les trottoirs boursouflés pour racoler les convives en vantant la composition des petits plats du Pacifique. L'accès à la table de ces petits restaurants populaires ne s'obtient pas sans efforts ni sans négociations sur les tarifs. Le passant rechigne, ronchonne et puis le sourire du serveur met tout le monde d'accord. On se retrouve attablé dans un boui-boui affichant des airs de pension de famille, où l'on se sent chez soi et où la musique est reine. L'authenticité des chiliens se reconnaît dans le registre de l'hospitalité universelle. Chacun fait attention à l'autre, et pas seulement les laveurs de pare-brise à la sauvette. Le centre ville est sillonné par des tramways, trolleybus et taxis collectifs qui ont plusieurs décennies de trafic routier à leur actif. Sur les hauteurs de la ville, dans les remontées et les virages, on ressent des frissons à entendre les crissements des pneus qui mordent les virages. Ou pire, un embrayage enrhumé. Les éboueurs font une entrée musclée dans les cerros tout comme les livreurs de bouteilles de gaz ou les marchands forains. La vie est ici un bal champêtre. La musique de cirque, de fanfare ou de fiesta et la cumbia chilienne s'écoutent gratuitement. Cette polyphonie tourne à la cacophonie quand les aboiements des chiens ou les miaulements des matous se mêlent au concert. Les taxis en maraude font paresseusement la ronde du matin au soir et jusque tard dans la nuit. Un carrousel de toits jaunes ou noirs qui laisse penser que les courses de taxi ne finiront jamais. Les bus à la carrosserie décatie déboulent à un angle, tout à trac. Le parcours torrentueux d'un cerros à l'autre les fera dévaler à toute bringue les rues tortueuses. Tout en saccades. Avec au volant, un roulier des mers reconnu pour avoir le compas dans l'½il. Valparaiso nous manquera toujours. Il faudrait partir. Et on ne peut pas. Ou alors virtuellement, avec le souvenir entêtant d'une énigme amoureuse. Travail personnel de 1 Les Petites vieilles » de Charles BaudelaireIDans les plis sinueux des vieilles capitales,Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements,Je guette, obéissant à mes humeurs fatalesDes êtres singuliers, décrépits et monstres disloqués furent jadis des femmes,Éponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossusOu tordus, aimons-les ! ce sont encor des des jupons troués et sous de froids tissusIls rampent, flagellés par les bises iniques,Frémissant au fracas roulant des omnibus,Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques,Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus ;Ils trottent, tout pareils à des marionnettes ;Se traînent, comme font les animaux blessés,Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettesOù se pend un Démon sans pitié ! Tout cassésQu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille,Luisants comme ces trous où l'eau dort dans la nuit ;Ils ont les yeux divins de la petite filleQui s'étonne et qui rit à tout ce qui Avez-vous observé que maints cercueils de vieillesSont presque aussi petits que celui d'un enfant ?La Mort savante met dans ces bières pareillesUn symbole d'un goût bizarre et captivant,Et lorsque j'entrevois un fantôme débileTraversant de Paris le fourmillant tableau,Il me semble toujours que cet être fragileS'en va tout doucement vers un nouveau berceau ;A moins que, méditant sur la géométrie,Je ne cherche, à l'aspect de ces membres discords,Combien de fois il faut que l'ouvrier varieLa forme de la boîte où l'on met tous ces Ces yeux sont des puits faits d'un million de larmes,Des creusets qu'un métal refroidi pailleta...Ces yeux mystérieux ont d'invincibles charmesPour celui que l'austère Infortune allaita ! II De Frascati défunt Vestale enamourée ;Prêtresse de Thalie, hélas ! dont le souffleurEnterré sait le nom ; célèbre évaporéeQue Tivoli jadis ombragea dans sa fleur,Toutes m'enivrent ; mais parmi ces êtres frêlesIl en est qui, faisant de la douleur un mielOnt dit au Dévouement qui leur prêtait ses ailes Hippogriffe puissant, mène-moi jusqu'au ciel !L'une, par sa patrie au malheur exercée,L'autre, que son époux surchargea de douleurs,L'autre, par son enfant Madone transpercée,Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs ! III Ah ! que j'en ai suivi de ces petites vieilles !Une, entre autres, à l'heure où le soleil tombantEnsanglante le ciel de blessures vermeilles,Pensive, s'asseyait à l'écart sur un banc,Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre,Dont les soldats parfois inondent nos jardins,Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre,Versent quelque héroïsme au coeur des droite encor, fière et sentant la règle,Humait avidement ce chant vif et guerrier ;Son oeil parfois s'ouvrait comme l'oeil d'un vieil aigle ;Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier ! IV Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes,A travers le chaos des vivantes cités,Mères au coeur saignant, courtisanes ou saintes,Dont autrefois les noms par tous étaient qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire,Nul ne vous reconnaît ! un ivrogne incivilVous insulte en passant d'un amour dérisoire ;Sur vos talons gambade un enfant lâche et d'exister, ombres ratatinées,Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs ;Et nul ne vous salue, étranges destinées !Débris d'humanité pour l'éternité mûrs !Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille,L'oeil inquiet, fixé sur vos pas incertains,Tout comme si j'étais votre père, ô merveille !Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins Je vois s'épanouir vos passions novices ;Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus ;Mon coeur multiplié jouit de tous vos vices !Mon âme resplendit de toutes vos vertus !Ruines ! ma famille ! ô cerveaux congénères !Je vous fais chaque soir un solennel adieu !Où serez-vous demain, Èves octogénaires,Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu ? Texte 2 Les Usines » d'Emile Verhaeren Les usines », d'Emile Verhaeren [1855-1916]Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres Et se mirant dans l'eau de poix et de salpêtreD'un canal droit, marquant sa barre à l'infini,Face à face, le long des quais d'ombre et de nuit,Par à travers les faubourgs lourdsEt la misère en pleurs de ces faubourgs,Ronflent terriblement usine et de granit et monuments de briques, Et longs murs noirs durant des lieues,Immensément, par les banlieues ;Et sur les toits, dans le brouillard, aiguillonnéesDe fers et de paratonnerres,Les regardant de leurs yeux noirs et symétriques, Par la banlieue, à l' le jour, la nuit,Les usines et les les quartiers rouillés de pluie et leurs grand-rues ! Et les femmes et leurs guenilles apparues,Et les squares, où s'ouvre, en des cariesDe plâtras blanc et de scories,Une flore pâle et carrefours, porte ouverte, les bars Etains, cuivres, miroirs hagards,Dressoirs d'ébène et flacons folsD'où luit l'alcoolEt sa lueur vers les des pintes qui tout à coup rayonnent,Sur le comptoir, en pyramides de couronnes ;Et des gens soûls, debout,Dont les larges langues lappent, sans phrases,Les ales d'or et le whisky, couleur à travers les faubourgs lourds Et la misère en pleurs de ces faubourgs,Et les troubles et mornes voisinages,Et les haines s'entrecroisant de gens à gensEt de ménages à ménages,Et le vol même entre indigents,Grondent, au fond des cours, toujours,Les haletants battements sourdsDes usines et des fabriques symétriques.recueil d'Emile Verhaeren, Les Villes tentaculaires » publié en 1895 Texte 3 Zone » de Guillaume Apollinaire A la fin tu es las de ce monde ancien Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matinTu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaineIci même les automobiles ont l'air d'être anciennesLa religion seule est restée toute neuve la religionEst restée simple comme les hangars de Port-AviationSeul en Europe tu n'es pas antique ô ChristianismeL'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie XEt toi que les fenêtres observent la honte te retientD'entrer dans une église et de t'y confesser ce matinTu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout hautVoilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journauxIl y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventure policièresPortraits des grands hommes et mille titres diversJ'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nomNeuve et propre du soleil elle était le claironLes directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographesDu lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passentLe matin par trois fois la sirène y gémitUne cloche rageuse y aboie vers midiLes inscriptions des enseignes et des muraillesLes plaques les avis à la façon des perroquets criaillentJ'aime la grâce de cette rue industrielle[...]extrait du poème Zone » de Guillaume Apollinaire, recueil poétique intitulé Alcools » publié en 1912. Texte 4 A New York » de Léopold Sédar Senghor [1906-2001], recueil Ethiopiques » 1956.New York ! D'abord j'ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d'or aux jambes timide d'abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givreSi timide. Et l'angoisse au fond des rues à gratte-cielLevant des yeux de chouette parmi l'éclipse du ta lumière et les fûts livides, dont les têtes foudroient le cielLes gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d'acier et leur peau patinée de quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan– C'est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguarQuinze jours sans un puits ni pâturage, tous les oiseaux de l'airTombant soudain et morts sous les hautes cendres des un rire d'enfant en fleur, sa main dans ma main fraîchePas un sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni un mot tendre en l'absence de lèvres, rien que des c½urs artificiels payés en monnaie forteEt pas un livre où lire la sagesse. La palette du peintre fleurit des cristaux de d'insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures videsEt que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d'enfants.[...]Extrait du poème A New York » de Léopold Sédar Senghor [1906-2001], publié dans le recueil Ethiopiques » 1956. Posted on Saturday, 06 April 2019 at 1209 PMEdited on Saturday, 06 April 2019 at 138 PM

Dans les plis sinueux des vieilles capitales,/ Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements []. Les surréalistes reprendront abondamment ce merveilleux de la rue et de la ville, comme André Breton, dans Nadja (1928), ou Louis Aragon dans Le Paysan de Paris (1926). Nous avons produit l’analyse du poème Les Petites Vieilles de Baudelaire dans le cadre de l’étude du thème de culture générale du concours de prépas économiques et commerciales en 2018 qui était le corps. Néanmoins, cette analyse approfondie peut servir l’ensemble des étudiants. Les petites vieilles de Baudelaire extrait choisi I Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obéissant à mes humeurs fatales Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, Éponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossus Ou tordus, aimons-les ! ce sont encor des âmes. Sous des jupons troués et sous de froids tissus Ils rampent, flagellés par les bises iniques, Frémissant au fracas roulant des omnibus, Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques, Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus ; Ils trottent, tout pareils à des marionnettes ; Se traînent, comme font les animaux blessés, Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes Où se pend un Démon sans pitié ! Tout cassés Qu’ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille, Luisants comme ces trous où l’eau dort dans la nuit ; Ils ont les yeux divins de la petite fille Qui s’étonne et qui rit à tout ce qui reluit. – Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles Sont presque aussi petits que celui d’un enfant ? La Mort savante met dans ces bières pareilles Un symbole d’un goût bizarre et captivant, Et lorsque j’entrevois un fantôme débile Traversant de Paris le fourmillant tableau, Il me semble toujours que cet être fragile S’en va tout doucement vers un nouveau berceau ; A moins que, méditant sur la géométrie, Je ne cherche, à l’aspect de ces membres discords, Combien de fois il faut que l’ouvrier varie La forme de la boîte où l’on met tous ces corps. Introduction de l’analyse Dans l’esthétique de la laideur, on peut dire que Baudelaire est un précurseur. Aussi, en ce qui concerne la description de la vieillesse, il se distingue nettement de Ronsard voir l’article sur Quand vous serez bien vieille », qui ne perçoit aucune beauté dans les traits d’une vieille femme. Baudelaire offre un portrait assez pitoyable de la vieillesse, tout en mêlant un sentiment de tendresse envers celle-ci. Comment Baudelaire fait-il du corps considéré comme laid, – le corps des vieilles femmes – un objet de beauté ? Alors que Ronsard prévient Hélène qu’aucune vieille femme n’est la Muse des poètes, Baudelaire, lui, dédie un poème à ces créatures qu’il trouve mystérieuses. Il prouve à nouveau la modernité de son esthétisme, et sa rupture avec les codes classique de la poésie les thèmes qu’il aborde est à l’opposé de la tradition. Ainsi, tout en respectant les règles poétiques formelles, Baudelaire choisit de renverser les codes et, littéralement, de créer du neuf avec du vieux. Des petites vieilles monstrueuses Au premier abord, le rapport qu’entretient le poète avec les petites vieilles » est ambigu il les compare à des monstres mais invite dans le même temps à les aimer. On peut alors se dire qu’il voit des aspects d’elles que les autres ne voient pas elles sont humaines, elles furent jeunes et belles un jour. Il distingue leur humanité au-delà de leur physique défraîchi. Des femmes ? Les personnages mis en scène dans le poème sont des petites vieilles », comme si elles n’avaient jamais été caractérisées que par leur âge avancé. De fait, elles furent jadis des femmes » ce qui laisse à penser qu’elles ne disposent plus, effectivement, de leur humanité. Elles se sont transformées en créatures laides que personne ne saurait précisément identifier, et caractérisées par leurs déformations. Elles sont devenues des vestiges d’un autre temps, des reliques » A tel point qu’elles sont terriblement affaiblies, puisque plus aucune force vitale ne les régit. Les petites vielles deviennent presque irréelles, de simples silhouettes ou fantômes débiles » … Ou des monstres ? Baudelaire n’est pas dupe le corps des vieilles femmes n’est pas harmonieux, elles ont une apparence monstrueuse ce sont des monstres disloqués » v5, brisés, bossus ou tordus » tout cassés » et même discords » Le poète ne rechigne pas à admettre leur laideur au contraire, il la met en avant. Il peint des créatures pathétiques et souffrantes. Elles sont proches de la terre, rampent » se traînent » et sont donc plus proches de la boue que des cieux. De la tendresse pour les petites vieilles Les petites vieilles sont des êtres rejetés de la société, que chacun méprise ou tout du moins regarde avec pitié ; ce sont des parias, autrefois membre de cette même société. Elles sont difformes et plus personne ne prendrait de plaisir à les regarder. Pourtant, il existe encore une figure qui les contemple et encense leurs traits c’est le poète. Pas n’importe lequel celui qui a écrit L’Albatros », poème qui décrit le poète comme un être rejeté par tous. Baudelaire n’était en effet pas une personne des plus sociables, et il était lui-même considéré comme laid. Il semble alors assez évident de faire le parallèle entre lui et les petites vieilles qu’il décrit et pour qui il ressent de la tendresse. Une description froide de créatures indéterminées Le ton du poème paraît très détaché au premier abord. Baudelaire fait comme une description des petites vieilles » à la manière d’un scientifique il les regarde, les observe, les décrit avec des termes crus, terre-à-terre. Il les guette » ces créatures qui rampent » trottent » se traînent », Il étudie leur comportement et se décrit lui-même comme une sorte de scientifique, méditant sur la géométrie » Le ton de ces vers sont encore plus froids et cyniques lorsque l’on voit qu’il portait une réflexion sur la mort prochaine des petites vieilles il établit un parallèle entre lui-même et un géomètre afin d’illustrer la façon dont il considère la forme et la taille du cercueil qui sera offert aux petites vieilles. De fait, le poète s’interroge à propos de ces êtres pendant qu’il les observe. Elles lui semblent ambivalentes, pleines de contradictions. De nombreuses antithèses les illustrent. Au vers 6, Baudelaire les compare à Eponine ou Laïs » Eponine est une femme qui représente la vertu, et Laïs représente le vice ; elles symbolisent à la fois le bien et le mal. Cela traduit le caractère ambivalent de la femme, ce que Baudelaire illustre souvent dans ses poèmes. Il oppose aussi l’intériorité à l’extériorité de ces petites vieilles. A l’intérieur d’un corps disloqué, difforme, monstrueux, se trouve une âme » que l’on peut distinguer à travers des yeux divins de la petite fille » des yeux mystérieux » On le sait, les yeux sont le miroir de l’âme » ils expriment sans mots ce qui se cache en profondeur. Grâce aux yeux de celles qui furent des femmes, en apparence laides et vieilles désormais, on peut voir les restes d’une âme d’enfant, prisonnier d’un corps monstrueux. Une description faussement froide Il invite en fait à la tendresse envers ces créatures malgré leur apparence. Une autre opposition est encore présente dans le poème, qui cette fois discorde avec le ton froid du scientifique le poète balance entre la répulsion, comme on a pu le voir précédemment avec les corps disloqués » et autres adjectifs, et la fascination. Les substantifs et adjectifs sont nombreux enchantements » charmants » … Les petites vieilles ne sont pas que des fantômes du passé, ce sont une source d’inspiration et de fascination pour le poète. Il voit en elles quelque chose qui inspire sa pitié en même temps qu’il a un sentiment de dégoût, puisqu’il arrive à voir au-delà de la carapace de leur corps. De fait, le ton n’est que superficiellement cruel, car on ressent l’indéniable pitié ou charité du poète face à ces créatures aimons-les » divins » … Par ailleurs, il semble ressentir une véritable sympathie au sens étymologique capacité à partager les mêmes sentiments, les mêmes émotions face à ces vieilles qui paraissent être le miroir du spleen que ressent Baudelaire, ce qui nous amène vers notre dernière partie de cette analyse. Le prétexte poétique rendre un corps laid en un sujet noble Les petites vieilles, incarnations de Paris Paris est le parfait lieu pour décrire la laideur, le sale à cette époque, la ville sent mauvais, héberge de nombreuses maladies, n’est pas encore rénovée par Haussmann, etc. Il ne faut pas creuser très loin pour observer la comparaison entre les petites vieilles et la ville de Paris. D’abord, la rencontre entre le poète et les petites vieilles se fait dans la ville, espace problématique, entre laideur et envoûtement Dans les plis sinueux des vieilles capitales, / Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements » et 2. Baudelaire la décrit à l’aide d’hyperboles antithétiques, entre horreur » et enchantements ». Aux enchantements peut aussi se raccorder le domaine du rêve, qu’on peut voir avec les plis sinueux », qui se rapportent à une ville labyrinthique, ou bien aux rides des petites vieilles. Autour du poète, l’espace devient de plus en plus complexe à mesure des descriptions. La réalité est présente avec la laideur, la multitude de la foule, les bruits urbains tels que ceux des omnibus. Mais l’imaginaire tend toujours à se battre pour gagner du terrain le labyrinthe, les spectres des petites vieilles, … La réalité urbaine est ainsi transformée en terrain de jeu de l’imagination du poète, ce qui révèle son intériorité ainsi que son projet poétique. La beauté dans la laideur De fait, le poème illustre parfaitement le projet ainsi que l’intériorité de Baudelaire dans l’épilogue des Fleurs du Mal, il écrit Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Le but est de réinventer la beauté, de ne plus se concentrer sur le Beau classique. Le laid, le difforme, le sale sont de nouvelles formes de beauté. Le paysage urbain a ainsi été réhabilité par le poète. Imaginez Paris en 1857 vieille, sale, pauvre, grouillant de monde. Les poètes romantiques surtout, ceux de la génération avant Baudelaire, n’aimaient que les paysages naturels et grandioses. Baudelaire réhabilite la beauté dans la laideur, et les petites vieilles sont une incarnation de Paris personne ne les trouve belles, elles sont des monstres disloqués » décrépits » Ce poème reflète la pensée et l’esthétique de la laideur de Baudelaire le laid et le mal sont des sujets poétiques d’où peut venir la beauté Le Beau est toujours bizarre ». Dans la ville, l’horreur » du lieu tourne aux enchantements » ; et les petites vieilles sont à la fois des créatures décrépits » et charmants ». Pour Baudelaire, ces mots ne sont pas des antithèses ils peuvent aller ensemble sans se contredire. Là est toute la modernité de la pensée de Baudelaire la laideur est son objet poétique phare. Urbanisme, laideur et modernité Toute cette esthétique de la laideur est très nouvelle pour l’époque, et cette volonté témoigne de la modernité de Baudelaire quant à sa vision du beau. Pour lui, la définition de la modernité se tient en ces quelques mots La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. » On retrouve dans cette définition les petites vieilles ce sont des êtres qui vont bientôt mourir, qui ne sont là que temporairement. Au travers de leur description, Baudelaire parvient à tirer l’éternel du transitoire ». Les petites vieilles sont à la fois dans le passé et dans le présent elles sont des vestiges du passé se mouvant dans un paysage urbain bien actuel ; de simples passantes que le poète décrit fugitivement dans son poème. Le poète n’idéalise pas le réel comme la plupart encore de ses contemporains ou des romantiques il fait osciller son poème entre prosaïsme et onirisme. La beauté n’est pourtant pas totalement absente, elle est transformée c’est une poésie urbaine. Ainsi, Baudelaire se fait mémoire du présent », quand l’art classique considérait jusque là faire une poésie de l’immuable uniquement. Conclusion de l’analyse Les Petites Veilles En conclusion, ce poème a tout pour se distinguer du XVIe siècle, et de la vision de la beauté de Ronsard. Alors que ce dernier ne voit de la beauté qu’en une jeune femme, aux traits physiques apparemment dignes des canons de beauté, Baudelaire se veut plus subversif encore en créant une poétique de la boue. Il décrit dans son poème des petites vieilles, parfois à la manière d’un scientifique froid, mais le plus souvent en manifestant toute la tendresse qu’il voit en ces êtres qui lui ressemblent finalement beaucoup. Le poète met en œuvre son projet prendre de la boue pour la transformer en or. Baudelaire est celui qui a transformé le paysage urbain apparemment laid et sale en un sujet poétique beau et fascinant. source Les sept veillards ( Fourmillante cité, cité pleine de rêves ) et Les petites vieilles ( Dans les plis sinueux des vieilles capitales / Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements ). A Jean Morel, sur le même sujet, il dira : et je crains bien d’avoir simplement réussi à dépasser les limites assignées à la Poésie. Jean Morel est le directeur de
Kalliope → French poets → Charles Baudelaire → First linesCharles Baudelaire 1821–67WorksPoem titlesFirst linesReferencesBiographyAA la pâle clarté des lampes languissantesA la très-chère, à la très-belleAmina bondit, — fuit, — puis voltige et souritAndromaque, je pense à vous! Ce petit fleuveAnge plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisseAu milieu des flacons, des étoffes laméesAu pays parfumé que le soleil caresseAu Poète impeccableAu-dessus des étangs, au-dessus des valléesAujourd’hui l’espace est splendide!Avec ses vêtements ondoyants et nacrésBBientôt nous plongerons dans les froides ténèbresBizarre déité, brune comme les nuitsBlanche fille aux cheveux rouxCC’est la Mort qui console, hélas! et qui fait vivreC’est une femme belle et de riche encolureCe ne seront jamais ces beautés de vignettesCe soir, la lune rêve avec plus de paresseCe spectre singulier n’a pour toute toiletteCelui dont nous t’offrons l’imageCombien faut-il de fois secouer mes grelotsComme les anges à l’oeil fauveComme un beau cadre ajoute à la peintureComme un bétail pensif sur le sable couchéesConnais-tu, comme moi, la douleur savoureuseContemple-les, mon âme; ils sont vraiment affreux!Contemplons ce trésor de grâces florentinesDD’où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrangeDans des fauteuils fanés des courtisanes vieillesDans des terrains cendreux, calcinés, sans verdureDans les caveaux d’insondable tristesseDans les planches d’anatomieDans les plis sinueux des vieilles capitalesDans ma cervelle se promèneDans une terre grasse et pleine d’escargotsDe ce ciel bizarre et livideDe ce terrible paysageDeux guerriers ont couru l’un sur l’autre, leurs armesDis-moi ton coeur parfois s’envole-t-il, AgatheDu temps que la Nature en sa verve puissanteEEn ces temps merveilleux où la ThéologieEntre tant de beautés que partout on peut voirFFière, autant qu’un vivant, de sa noble statureFourmillante cité, cité pleine de rêvesGGloire et louange à toi, Satan, dans les hauteursGrands bois, vous m’effrayez comme des cathédralesHHarpagon, qui veillait son père agonisantHomme libre, toujours tu chériras la mer!Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassibleIIl est amer et doux, pendant les nuits d’hiverIl est de forts parfums pour qui toute matièreIl me dit qu’il était très-richeIl me semble parfois que mon sang coule à flotsIls marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumièresIls me disent, tes yeux, clairs comme le cristalImaginez Diane en galant équipageJJ’ai longtemps habité sous de vastes portiquesJ’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ansJ’aime le souvenir de ces époques nuesJ’aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissésJ’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aimeJe n’ai pas oublié, voisine de la villeJe suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierreJe suis comme le roi d’un pays pluvieuxJe suis la pipe d’un auteurJe t’adore à l’égal de la voûte nocturneJe te donne ces vers afin que si mon nomJe te frapperai sans colèreJe veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresseJe veux, pour composer chastement mes égloguesJe veux te raconter, ô molle enchanteresse!LL’Amour est assis sur le crâneL’homme a, pour payer sa rançonL’un t’éclaire avec son ardeurLa Débauche et la Mort sont deux aimables fillesLa diane chantait dans les cours des casernesLa femme cependant, de sa bouche de fraiseLa Haine est le tonneau des pâles DanaïdesLa Maladie et la Mort font des cendresLa musique souvent me prend comme une mer!La Nature est un temple où de vivants piliersLa rue assourdissante autour de moi hurlaitLa servante au grand coeur dont vous étiez jalouseLa sottise, l’erreur, le péché, la lésineLa très-chère était nue, et, connaissant mon coeurLa tribu prophétique aux prunelles ardentesLe Démon, dans ma chambre hauteLe long du vieux faubourg, où pendent aux masuresLe poëte au cachot, débraillé, maladifLe regard singulier d’une femme galanteLe soleil s’est couvert d’un crêpe. Comme luiLe vin sait revêtir le plus sordide bougeLecteur, as-tu quelquefois respiréLes amoureux fervents et les savants austèresLes cloîtres anciens sur leurs grandes muraillesLorsque, par un décret des puissances suprêmesLorsque tu dormiras, ma belle ténébreuseMMa femme est morte, je suis libre!Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orageMa pauvre muse, hélas! qu’as-tu donc ce matin?Mère des jeux latins et des voluptés grecquesMère des souvenirs, maîtresse des maîtressesMon berceau s’adossait à la bibliothèqueMon coeur, comme un oiseau, voltigeait tout joyeuxMon enfant, ma soeurMorne esprit, autrefois amoureux de la lutteNNous aurons des lits pleins d’odeurs légèresNovis te cantabo chordis [Franciscae meae laudes]Novis te cantabo chordis [Franciscae meae laudes]OO fins d’automne, hivers, printemps trempés de boueO muse de mon coeur, amante des palaisO toi, le plus savant et le plus beau des AngesO toison, moutonnant jusque sur l’encolure!On dirait ton regard d’une vapeur couvertPPluviôse, irrité contre la ville entièrePour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampesPour soulever un poids si lourdPouvons-nous étouffer le vieux, le long RemordsQQu’est-ce que Dieu fait donc de ce flot d’anathèmesQuand chez les débauchés l’aube blanche et vermeilleQuand Don Juan descendit vers l’onde souterraineQuand je te vois passer, ô ma chère indolenteQuand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercleQuand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automneQue diras-tu ce soir, pauvre âme solitaireQue j’aime voir, chère indolenteQue le Soleil est beau quand tout frais il se lèveQuoique tes sourcils méchantsRRace d’Abel, dors, bois et mangeRappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âmeRubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresseSSans cesse à mes côtés s’agite le DémonSi par une nuit lourde et sombreSous les ifs noirs qui les abritentSous une lumière blafardeSouvent à la clarté rouge d’un réverbèreSouvent, pour s’amuser, les hommes d’équipageTTa tête, ton geste, ton airTes beaux yeux sont las, pauvre amante!Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hancheToi qui, comme un coup de couteauTu mettrais l’univers entier dans ta ruelleTu n’es certes pas, ma très-chèreUUn soir, l’âme du vin chantait dans les bouteillesUne fois, une seule, aimable et douce femmeUne Idée, une Forme, un EtreUne nuit que j’étais près d’une affreuse JuiveVViens, mon beau chat, sur mon coeur amoureuxViens sur mon coeur, âme cruelle et sourdeViens-tu du ciel profond ou sors-tu de l’abîmeVoici le soir charmant, ami du criminelVoici venir les temps où vibrant sur sa tigeVous êtes un beau ciel d’automne, clair et rose!Vous pouvez mépriser les yeux les plus célèbresVous qui raffolez des squelettes
Ex: « les petites vieil les » (« plis sinueux des vieilles capitales ») ; « Le cygne » (« bric-à-brac confus »). Règne de l’angulaire, même pour les habitants (voir « les sept vieillards’ -> vieillard « cassé » et non « voûté »). Les ieilles sont des monstres disloqués (« les petites vieilles ») -> êtres qui se soumettent au caractère anguleux du paysage. b) Un
A Victor Hugo I Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obéissant à mes humeurs fatales Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, Éponine ou Laïs! Monstres brisés, bossus Ou tordus, aimons-les! ce sont encor des âmes. Sous des jupons troués et sous de froids tissus Ils rampent, flagellés par les bises iniques, Frémissant au fracas roulant des omnibus, Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques, Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus; Ils trottent, tout pareils à des marionnettes ; Se traînent, comme font les animaux blessés, Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes Où se pend un Démon sans pitié! Tout cassés Qu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille, Luisants comme ces trous où l'eau dort dans la nuit; Ils ont les yeux divins de la petite fille Qui s'étonne et qui rit à tout ce qui reluit. - Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles Sont presque aussi petits que celui d'un enfant? La Mort savante met dans ces bières pareilles Un symbole d'un goût bizarre et captivant, Et lorsque j'entrevois un fantôme débile Traversant de Paris le fourmillant tableau, Il me semble toujours que cet être fragile S'en va tout doucement vers un nouveau berceau ; A moins que, méditant sur la géométrie, Je ne cherche, à l'aspect de ces membres discords, Combien de fois il faut que l'ouvrier varie La forme de la boîte où l'on met tous ces corps. - Ces yeux sont des puits faits d'un million de larmes, Des creusets qu'un métal refroidi pailleta... Ces yeux mystérieux ont d'invincibles charmes Pour celui que l'austère Infortune allaita ! II De Frascati défunt Vestale enamourée; Prêtresse de Thalie, hélas! dont le souffleur Enterré sait le nom; célèbre évaporée Que Tivoli jadis ombragea dans sa fleur, Toutes m'enivrent; mais parmi ces êtres frêles Il en est qui, faisant de la douleur un miel, Ont dit au Dévouement qui leur prêtait ses ailes Hippogriffe puissant, mène-moi jusqu'au ciel! L'une par sa patrie au malheur exercée, L'autre, que son époux surchargea de douleurs, L'autre, par son enfant Madone transpercée, Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs! III Ah! que j'en ai suivi de ces petites vieilles ! Une, entre autres, à l'heure où le soleil tombant Ensanglante le ciel de blessures vermeilles, Pensive, s'asseyait à l'écart sur un banc, Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre, Dont les soldats parfois inondent nos jardins, Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre, Versent quelque héroïsme au cœur des citadins. Celle-là, droite encor, fière et sentant la règle, Humait avidement ce chant vif et guerrier; Son œil parfois s'ouvrait comme l'œil d'un vieil aigle; Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier! IV Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes, A travers le chaos des vivantes cités, Mères au cœur saignant, courtisanes ou saintes, Dont autrefois les noms par tous étaient cités. Vous qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire, Nul ne vous reconnaît ! un ivrogne incivil Vous insulte en passant d'un amour dérisoire ; Sur vos talons gambade un enfant lâche et vil. Honteuses d'exister, ombres ratatinées, Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs ; Et nul ne vous salue, étranges destinées! Débris d'humanité pour l'éternité mûrs! Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille, L'œil inquiet, fixé sur vos pas incertains, Tout comme si j'étais votre père, ô merveille! Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins Je vois s'épanouir vos passions novices; Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus ; Mon cœur multiplié jouit de tous vos vices! Mon âme resplendit de toutes vos vertus ! Ruines ! ma famille! ô cerveaux congénères! Je vous fais chaque soir un solennel adieu! Où serez-vous demain, Èves octogénaires, Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu ?

SWINBURNEALGERNON CHARLES (1837-1909). Écrit par Jean-Georges RITZ • 1 292 mots Utilisant une grande variété de strophes et de rythmes, il donne à ses vers un élan et une ampleur presque cosmiques par ses anapestes, ses images marines et ses riches adjectifs composés. Le chantre des libertés politiques Tout au long de sa vie, Swinburne reprendra les thèmes

Une rentrée littéraire de crise ? 646 romans paraissent à l'automne, contre 654 l'an dernier, soit une baisse de 1,2% selon Livres Hebdo. Refusant de se laisser gagner par la morosité, nous avons listé sept romans superlatifs de la rentrée le plus geek, le plus gourmand, le plus présidentiel, le plus long, le plus mathématicien fou... Les traits saillants de la rentrée 2012, tels que livrés par le magazine professionnel Livres Hebdo ? 646 romans annoncés pour l'automne, dont 426 romans français et à peine 69 premiers romans, chiffres les plus faibles depuis 2002 2001 pour les premiers romans. Prudents, les éditeurs se sont rabattus sur les valeurs sûres et ont limité les risques. Avant la rentrée, liste de sept romans français intrigants parce qu'ils sont le plus ... Le plus geek Le thème du premier roman d'Aurélien Bellanger, 32 ans, ancien libraire, a déjà fait le tour de la Toile. "La théorie de l'information" Gallimard retrace la révolution numérique des quarante dernières années, du minitel à Internet. Elle s'inspire, semble-t-il, de la trajectoire fulgurante d'un des rares milliardaires français qui n'ait pas hérité sa fortune le vice-président d'Iliad Free, Xavier Niel. "Adolescent solitaire épris d’informatique", le héros du livre, "pornographe amateur, pirate récidiviste et investisseur inspiré, deviendra l’un des hommes les plus riches du monde"annonce l'éditeur. Livres Hebdo prédit un beau destin à ce roman de cinq cents pages, probablement "une des sensations de la rentrée". Un détail encore il y a deux ans, l'auteur avait publié un essai consacré à "Houellebecq, écrivain romantique". Voilà qui désigne un modèle, une ambition et une vision du monde ou de la littérature. Le plus présidentiel Laurent Binet sera-t-il le Yasmina Reza de François Hollande ? "Le beau gosse agrégé de lettres", comme l'avait décrit Valérie Trierweiler qui passe pour l'avoir introduit auprès de l'ex-député de Corrèze, s'est glissé pendant la campagne dans le "Hollande tour" la cohorte des journalistes qui suivait le candidat socialiste. Récit-gonzo hautement subjectif de cette accession au pouvoir, "Rien ne se passe comme prévu" repose sur un insoutenable suspense "l'auteur, qui observe jour après jour l'altération de sa subjectivité, va-t-il finalement se convertir à la sociale-démocratie et voter Hollande ou tenter le diable, oublier 2002 et voter Mélenchon ?" Grasset, qui va soigner la sortie, compte décrocher le gros lot comme l'avait fait Flammarion avec "L'Aube le soir ou la nuit". Ce court texte de Yasmina Reza sur la conquête de l'Elysée par Nicolas Sarkozy avait été un des best-sellers de 2007. Le plus long - et le plus emballant ? 1770 pages, diantre ! De quoi rivaliser avec la fibre feuilletonniste d'un Alexandre Dumas ou d'un Eugène Sue payés à la ligne. Le plus long roman de la rentrée, "Dans les plis sinueux des vielles capitales" de Sylvie Taussig, est publié chez Galaade, petite maison de qualité. Comment justifie-t-elle un choix si hardi ? "Il s'agit d'un roman qu'on avait dans les bagages depuis cinq ans", s'enthousiasme-t-on chez l'éditeur. "C'est une oeuvre monstre où tout se rejoint, et une écriture singulière". Née en 1969, l'auteur, traductrice de la philosophe Hannah Arendt, fait de la recherche au CNRS. Au critique paresseux, Galaade envoie un emballant "livret avec le synopsis", qui donne furieusement envie de plonger dans ce roman tentaculaire sur Paris, ville monde et cité millénaire. Le plus mathématicien "Albert Einstein aimait à dire "je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilége de rentrer à pied avec Kurt Gödel" quatrième de couverture. Signé Yannick Grannec, "La déesse des petites victoires" raconte, par la voix de sa femme Anna, l'histoire de ce mathématicien et logicien de génie 1906-1978 qui avait fui l'Autriche après l'annexion nazie, pour rejoindre les Etats-Unis. Dépressif, paranoïaque, inapte à la vie quotidienne, il fut à deux doigts d'expliquer au juge chargé de sa naturalisation qu'il avait trouvé une faille logique dans la Constitution américaine permettant de transformer légalement le pays en dictature. La figure exceptionnelle de celui qui fut surnommé, enfant, "Herr Warum" Monsieur pourquoi avait déjà inspiré des livres de haut vol comme Gödel, Escher et Bach, les brins d'une guirlande éternelle. L'on se réjouit qu'un roman grand public puisse enfin populariser cette vie hors du commun dans un siècle tourmenté. Le plus gourmand "Retrouvailles à l'appartement de Flore. Elle me prépare des encornets avec un joli vin blanc. C'est vif. Rien de plus troublant qu'un plat fait maison. Prenez et mangez, ceci est mon corps." Voilà un extrait de roman qui met autant en appétit que son titre coquin "Dans ma bouche", Flammarion. Quoi de plus normal puisque l'auteur s'appelle François Simon, critique gastronomique réputé du "Figaro" ? Au menu de son roman, émotions culinaires et conquêtes féminines, de Bretagne au Japon et de Paris à Hong Kong. Il faudra attendre la mi-septembre -date de sa sortie- pour juger si l'oeuvre est poivrée, suave ou fondante. Le plus fantastique Linda Lê, une des plus belles écritures de la littérature française, revient à la rentrée 2012 avec "Lames de fond" chez Christian Bourgois. Un roman hanté par les thèmes habituels de l'écrivain l'amour, l'immigration, l'altérité, le poids de la langue. "Je n'ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j'ai toute envie de soliloquer." Ainsi commence le livre et le récit de Van, immigré vietnamien qui se souvient, du fond de son cercueil, de sa dernière année d'exil en France. Dès "Les évangiles du crime", coup de maître publié à moins de trente ans, en 1992, Linda Lê a soudé autour d'elle une secte d'adorateurs. Ce public conquis devrait, une fois de plus, être fidèle au rendez-vous. Le plus habituel C'est devenu un rituel Amélie Nothomb scelle le 23 août la rentrée littéraire avec son roman annuel, le 21e en deux décennies. Celui-ci s'intitule "Barbe Bleue", réécriture de son "conte de fées préféré", a-t-elle confié à Livres Hebdo. La surdouée cérébrale a-t-elle mis un peu de chair autour du sang annoncé ? 2012, bon ou mauvais cru, vingt ans après "Hygiène de l'assassin" ? Les pour et les contre s'écharperont, mais Albin Michel parie comme d'habitude sur un best-seller tirage de départ à exemplaires signé du plus rentable de ses auteurs. Que pèse la critique quand le public a tranché, avec quinze millions d'exemplaires vendus en France depuis vingt ans ?
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